[ Je suis un animal ..
Dans un univers restreint, une infime partie des rapports qu'entretiennent les hommes entre eux se plaît à régir les contours de l'ensemble.
A l'intérieur de cet espace confiné, où l'on s'ennuie de toute cette oisiveté paresseuse, quoi de plus rassurant que le tas de déchets du trottoir d'en face?
Conditionnés à l'inimitié, quiconque ayant la possibilité d'opprimer son voisin, s'exécutera sans se faire prier.
Mais tout se paye un jour.
Ce poison empreint de jalousie, cette obsession malsaine d'épier n'a pour unique but que la survie, accrochés aux pulsations des autres.
On survit par procuration, trop habitués à notre confort égoïste qui, déjà dans les recoins de cette atmosphère , s'est transformé en fainéantise hautaine.
On se nourrit des incartades de chaque passant uniquement en espérant pouvoir un jour se pardonner les siennes.
C'est l'impossibilité de l'être à vivre pleinement ses pulsions qui le pousse vers la frustration.
Lorsqu'il saura devenu aigri de tout et que la frustration aura laissé place à l'envie, il succombera.
Lobotomisé d'avoir trop espionné le moindre changement, le moindre battement de cils qui ne viendrait pas de lui.
Ainsi peu-être s'éteindra t-il lors d'un dernier souffle où il se pourlèchera une dernière fois des remords de ceux qu'ils guettaient et enviaient.
Peu-être que ceux qui auraient encore l'ombre du désir d'une quelconque intimité, affronteront leurs propres déceptions.
Celle de n'avoir jamais eu le courage suffisant pour laisser derrière eux leurs stabilités rassurantes pour devenir les êtres qu'ils désiraient représenter contrairement aux identités formatées qui sont aujourd'hui encore celle que nous portons.
Le tombeau de l'homme, c'est sa frustration.